Et si l’impact du bouchon sur le vin était encore sous-estimé ?
C’est la question que nous avons explorée il y a quelques jours au Château de la Calonnière.
L’an dernier, lors de l’embouteillage — cette journée où le vin passe des cuves aux bouteilles, en vue de sa consommation —, nous avons réalisé une expérience en testant trois types de bouchons différents sur un même vin, tiré de la même cuve.
Un an plus tard, l’heure était venue de déguster puis de comparer les résultats. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’expérience a été surprenante !
Sans savoir ce que nous dégustions, Samuel, notre responsable d’exploitation et instigateur de l’expérience, nous a invités à goûter les trois vins à l’aveugle et à identifier ce qui les distinguait. Pour Morgane, « ce ne sont pas les mêmes cépages. » Pour Arthur, « ce ne sont pas les mêmes méthodes d’élevage. » Tout le monde s’accorde : les vins sont singulièrement différents. Pourtant, seul le bouchon différencie ces trois vins, qui ont bénéficié des mêmes conditions de mise en bouteille, à quelques secondes près.
Les trois bouchons utilisés sont des bouchons techniques, c’est-à-dire fabriqués à partir de liège naturel broyé, puis reconstitué. Cette technologie permet de minimiser les risques de goût de bouchon et de gérer les échanges entre le vin et l’air ambiant.
Le premier bouchon avait une porosité plus élevée, favorisant un échange d’air plus important, et donc une évolution plus rapide du vin. Le résultat ? Un vin frais, soyeux, déjà souple et très agréable à boire. Idéal pour les vins à boire jeune (1 à 2 ans).
Le deuxième bouchon avait une porosité intermédiaire. Le vin s’en trouvait plus fermé, plus intense, avec des tannins plus fermes et une structure plus marquée. Ces bouchons sont adaptés aux vins destinés à être consommés 2 à 5 ans après la mise en bouteille.
Enfin, le troisième bouchon, moins poreux, est idéal pour les vins de garde. Ici, le vin était encore austère, demandant encore plusieurs années de vieillissement avant de dévoiler tout son potentiel, à l’inverse du premier vin.
Cette expérience a permis l’observation très concrète de l’incidence prééminente du type de bouchon sur l’état du vin. Si cela restait à démontrer, le choix du bouchon s’avère crucial dans la quête d’un vin réussi.
Aucun composant n’est à laisser au hasard dans la recherche de l’excellence, quitte à pousser le bouchon…